Comme le souligne cette étude publiée par BPCE L’Observatoire, la tendance générale à la faillite des entreprises recouvre des situations très diverses et surtout suscite de nombreux signaux d’alarme pour l’année à venir.
Un environnement économique tendu pour les organisations d’entreprises en 2023
2023 a été un tournant économique majeur pour les entreprises, avec l’inflation, la hausse des taux d’intérêt, le ralentissement économique (mais pas la récession) et le remboursement des dettes Covid (prêts garantis par l’État, dettes sociales et financières) parmi les sujets qui les préoccupent. Chefs d’entreprise en 2023 :
- La croissance économique a été certes limitée en 2023 (environ +0,8% après +2,5% en 2022) mais bien meilleure que prévu, et l’économie continue de créer des emplois,
- L’inflation, qui a commencé avec les prix de l’énergie, s’est propagée au reste de l’économie par des « effets de second tour » et a entraîné des effets négatifs pour la majorité des entreprises (érosion des marges – notamment dans le secteur des services – et restrictions de la consommation des ménages, notamment dans les secteurs des services). le secteur des services). secteur alimentaire),
- En réponse à ce choc inflationniste, les taux d’intérêt ont augmenté rapidement et durement, augmentant les coûts de financement non seulement pour les entreprises mais aussi pour les ménages, réduisant considérablement leurs investissements dans le logement et les biens durables.
- Enfin, la nécessité de rembourser les prêts garantis par l’État s’est poursuivie en 2023, et l’organisme de recouvrement de la protection sociale de l’Orsaf a multiplié ses campagnes d’envoi de demandes officielles de remboursement des dettes dues dans certaines régions de France, notamment depuis septembre 2023.
56 601 faillites d’entreprises en 2023 : Retour à la normale sans impact sur la résolution du retard ?
Dans ce contexte opérationnel, il n’est pas surprenant que les défaillances d’entreprises augmentent fortement en 2023, après une période très atypique. En effet, l’arsenal économique et juridique mis en œuvre pendant la crise du Covid – la politique du « quoi qu’il en coûte » – a permis d’éviter une vague de faillites (jusqu’à -40% malgré la récession de 2020), brouillant le signal économique qui… Jusqu’ici représenté par des faillites.
BPCE L’Observatoire a dénombré 56 601 faillites* d’entreprises en France en 2023, soit 8 % de plus qu’en 2019. Cette hausse des défaillances en 2023 est-elle simplement un retour à la normale (c’est-à-dire un retour aux niveaux d’avant Covid) ou est-ce une solution ? le problème de la faillite ? Accumuler des entreprises qui auraient fait faillite sans la protection du « quoi qu’il en coûte ? Pour répondre à ces questions, regardons la situation des entreprises en faillite en 2023.
Drapeaux rouges : la résolution du retard pour les PME et ETI est en cours
Si la tendance au « retour à la normale » peut paraître favorable à première vue, elle cache de nombreux signaux d’alarme, selon Alan Tordjman, directeur de la recherche économique à BPCE, et Julien Laugier, économiste à BPCE :
1 – Globalement, la situation s’est nettement dégradée au cours de l’année 2023. En effet, alors que le nombre total de faillites au premier trimestre 2023 est resté à un niveau historiquement bas (14 673 événements), ce nombre a augmenté plus rapidement sur l’année pour atteindre 16 272 au quatrième trimestre (données provisoires), son plus haut niveau au quatrième trimestre. Depuis 2013.
2- Par type d’insolvabilité : Les liquidations judiciaires (cas le plus extrême de faillite d’entreprise) étaient plus fréquentes en 2023 (73% des faillites contre 71% historiquement), reflétant une forme plus grave de mortalité des entreprises. Le retour des procédures de liquidation à leur niveau de 2019 est apparu au début du premier trimestre 2023, tandis que les procédures de redressement judiciaire ont atteint ce niveau plus tard dans l’année (4ème trimestre 2023). Cela reflète une situation dans laquelle la santé d’une proportion croissante d’entreprises s’est dégradée au-delà du point de non-retour, de sorte que leur liquidation est devenue inévitable, malgré l’efficacité des campagnes de détection précoce axées sur les difficultés des entreprises et menées par les pouvoirs publics. autorités et tribunaux de commerce. , comme en témoigne le renforcement des mesures préventives et préventives.
3 – Selon la taille de l’entreprise : Le nombre de dossiers d’insolvabilité parmi les grandes entités a augmenté plus fortement en 2023. Trois situations différentes peuvent être observées selon le nombre de salariés travaillant dans l’entreprise :
- Les petites entreprises et les plus petites PME (celles sans salariés, ou employant un ou deux salariés) tendent à voir leur taux d’insolvabilité revenir à la normale en 2023 (+2% vs. 2019).
- Les PME de 3 à 9 salariés, avec une augmentation des faillites de 22 % par rapport à 2019, reflètent une résolution rapide de l’arriéré de faillites précédemment évitées entre 2020 et 2022.
- Plus de 4.700 PME (10 salariés ou plus) ont fait faillite en 2023, soit une augmentation de 37% par rapport à 2019, représentant un total d’environ 1.300 entités. Cette augmentation correspond à la résolution d’environ la moitié de l’arriéré de faillites évitées entre 2020 et 2022 (par rapport à la référence de 2019).
4- Influence en termes de fonctions : La fréquence des faillites d’entreprises pour les plus grandes entités (grandes PME et PME/PME) tend à augmenter sur l’ensemble de l’année 2023. Selon Alain Tordjman et Julien Laugier, l’impact économique d’une faillite d’entreprise en 2023 sera bien plus important qu’en 2019 en termes d’emploi, avec 240 000 emplois menacés en 2023 (en hausse de 25% par rapport à 2019) mais aussi en valeur, Créances, capital et interactions B2B.
5 – Par région : Certaines zones se sont révélées extrêmement vulnérables, tandis que d’autres sont moins touchées. La région Midi-Pyrénées (sud-ouest de la France) a connu une augmentation significative des défaillances d’entreprises (+27% de défaillances par rapport à 2019). Rien que dans le secteur des PME et de la Borsa Istanbul, les défaillances dans des régions dynamiques comme l’Aquitaine et le Poitou-Charentes ont atteint des niveaux records en 2023 (+70% par rapport à 2019). A l’inverse, les régions les moins touchées semblent être celles les moins dynamiques économiquement (Lorraine, Basse-Normandie, Bourgogne, Limousin). D’autres facteurs peuvent également expliquer ces différences régionales, comme le degré de retour à des niveaux plus normaux des recouvrements de créances de l’ORSAFF, ainsi que des spécialisations sectorielles.
6- Par secteur : À quelques rares exceptions près, les secteurs concernés ont été exposés aux changements de l’environnement des affaires intervenus en 2023 (Inflation, hausse des taux d’intérêt, changements dans les modes de consommation des ménages). En particulier, le comportement des ménages est le principal facteur influençant le commerce de détail alimentaire, la transformation alimentaire, les services à la personne (esthétique et soins du corps, coiffure, etc.), les activités de restauration et les transports terrestres.
Attendez-vous à 62 000 faillites en 2024
Selon Alan Tordjman, le nombre de faillites d’entreprises devrait encore augmenter en 2024 pour atteindre 62 000 au total (en hausse de 10 % par rapport à 2023). Ce scénario central est bien entendu soumis à un certain nombre de facteurs positifs et négatifs non mesurables, tels que l’évolution de l’activité économique, la situation des taux d’intérêt et de l’inflation ou encore le degré de flexibilité des entreprises dans le remboursement de la dette Covid.
Le taux de faillite des entreprises est susceptible de changer en 2024 en raison des facteurs suivants :
- Changements dans les moteurs d’activité. La situation dans les secteurs du commerce de détail, de l’agroalimentaire et des services à la personne devrait s’améliorer, tandis que les faillites dans les secteurs de la construction, de la restauration et des services aux entreprises devraient augmenter en 2024. La situation dans le secteur manufacturier (hors agroalimentaire) sera plus incertaine. en 2024.
- L’ampleur de la résolution du retard a déjà commencé en 2023. En fait, les faillites devraient augmenter parmi les petites entités, qui ne commenceront à résorber leur retard qu’en 2024, tandis que leur nombre parmi les PME et les sociétés d’investissement internationales devrait se stabiliser. Ainsi, les 62 000 emplois menacés de faillite attendus en 2024 ne devraient pas dépasser significativement le niveau déjà très élevé enregistré en 2023 (environ 250 000 emplois menacés en 2024).
*Grâce aux données obtenues et traitées par nos économistes, BPCE L’Observatoire est désormais en mesure de proposer une analyse statistique et économique très fine des défaillances d’entreprises.
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