Depuis plus d’un demi-siècle, le Kathakali est présent sur la carte culturelle mondiale, tout comme le Koodiyattam dans une certaine mesure. La popularité de ces formes d’art dont jouissent aujourd’hui est le résultat des efforts pionniers de plusieurs piliers dans les années 1960. L’une d’elles, sans aucun doute, était Milena Salvini, d’origine italienne, dont la connaissance et l’engagement envers le patrimoine artistique indien étaient impressionnants. Cette fervente mécène des arts de la scène indienne est décédée récemment à Paris, où elle dirigeait le « Centre Mandapa », fondé en 1975.
En 1965, Milena est venue au Kerala Kalamandalam grâce à une bourse pour se former au Kathakali. Elle s’est vite rendu compte de la profondeur de cette tradition de danse dramatique et de la façon dont son attrait devrait s’étendre au-delà du Kerala. Milena a été particulièrement attirée par le chathurvidhaabhinaya de Kathakali – mouvements du corps, expressions faciales, jeu verbal, maquillage et costumes élaborés.
En 1967, elle organise une tournée de performances de quatre mois par une troupe d’artistes éminents sous la bannière Kerala Kalamandalam. C’était une tentative remarquable de porter la forme de danse-théâtre, traditionnellement jouée dans les temples, sur la scène de l’avant-scène. C’était la première fois que cette forme d’art était pratiquée en Occident. Ce n’était pas une tâche facile de présenter des versions abrégées d’énormes productions basées sur le Ramayana et le Mahabharata. Plusieurs répétitions ont eu lieu pour s’assurer que les récitals respectaient le délai prescrit de deux heures et demie. C’était un grand défi à la fois pour Milena et pour les artistes. Sa détermination combinée au soutien de la troupe s’est avérée être une étape importante dans l’histoire du Kathakali. Les récitals donnés dans la plupart des pays européens et au Canada ont été un énorme succès.
Adepte de la tradition
À la fin des années 1970, elle lance un projet ambitieux et unique pour filmer les versions kathakali des épopées sur fond naturel. Des artistes de premier plan y ont participé, bravant le froid de l’Occident.
Milena invitait régulièrement la troupe Kathakali de Kalamandalam pour des représentations en France et dans les pays voisins. Elle a été méticuleuse dans la sélection des acteurs, des chanteurs et des instrumentistes. Pour elle, seul le mérite comptait.
Au début du nouveau millénaire, une immense troupe de Kathakali, menée par Kerala Kalamandalam, revient à Paris à l’invitation de Milena. Les représentations se sont déroulées sur deux nuits, avec des narrations affichées en français, au Théâtre du Soleil. La salle était comble. Alors que le spectacle était sur le point de commencer, Milena a remarqué que l’un des chanteurs portait une montre. Elle a immédiatement envoyé son assistant sur scène pour dire à l’artiste de l’enlever. En ce qui concerne les arts indiens traditionnels, Milena était une adepte des conventions.
Au début des années 1980, avec le soutien du Conseil indien pour les relations culturelles, Milena a également organisé des spectacles de Koodiyattam à Paris et dans les villes voisines pour des rassemblements sélectionnés. Plus tard, elle a également invité une troupe thullal de Kalamandalam pour sa première tournée en France. Récit de théâtre de danse solo, la puissante sahitya (littérature) de thulllal est un mélange de malayalam et de sanskrit. Selon Milena, la langue n’était pas un obstacle à l’appréciation d’une forme d’art. Elle a été honorée du Padma Shri en 2019.
L’écrivain est un critique et connaisseur de la tradition
formes d’art du Kerala.
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