Interviews Ferrari F1 et Vasseur : « Machine 2024, nouveau projet et nouveaux ingénieurs »

Résistez à la tentation, ne commandez que le filet aux artichauts et eau minérale. Étudiant astucieusement l’interlocuteur, il répondit sans retenue, montrant qu’il avait des pensées très claires. A partir de la saison en cours. « On ne s’attendait pas à ces résultats mais tout était visible dès le premier jour sur la piste. Le plus important, dans ces cas-là, c’est la façon dont on réagit en groupe. Et la réaction a été bonne. Remonter au sommet prend du temps. » Quand on parle de Formule 1, les gens pensent que ça peut résoudre des problèmes en une semaine, mais c’est comme naviguer sur un très gros bateau et changer de cap bien sûr : ce n’est pas instantané. Top 50 des techniciens avec des contrats de 3 ans et plus, pour les décrocher, il faut Attendre qu’ils expirent, payer de lourdes amendes, ou négocier pour qu’ils soient libérés plus tôt, bref c’est compliqué, avec une circonstance aggravante pour nous par rapport aux équipes britanniques : Parce que les équipes là-bas sont proches, si vous embauchez quelqu’un, il peut garder la même maison, la même école pour ses enfants et le même mode de vie. Mais pour qu’un ingénieur vienne ici, il faut d’abord le persuader puis sa femme et ses enfants la semaine suivante… ».

Comprenez-vous pourquoi le SF-23 n’est pas un gagnant ?

« Si vous analysez les données, en qualifications, nous avons 0,2% de retard sur Red Bull, parfois 0,4%, mais dans certains cas, nous avons fait mieux qu’eux (à Bakou, par exemple ; ndlr). Donc toute la différence est évidente dans le rythme de la course. Cela arrive aussi avec les autres, il suffit de regarder Mercedes. L’explication logique est que piloter une Ferrari est difficile : en un tour, vous pouvez prendre des risques et le garder à la limite, en course, ce n’est pas possible et les performances ont baissé C’est une question d’aérodynamisme. En 2022, nous étions ok, et nous avons essayé de faire ce qu’il y a de mieux en hiver, mais le fait est que pousser quelque chose à l’extrême complique parfois la vie du conducteur : la voiture en mouvement devient imprévisible, sa charge est instable.

Êtes-vous satisfait de vos chauffeurs ?

« Vous pouvez toujours faire mieux, en tant qu’équipe et aussi en tant que coureurs. Charles ne s’attendait pas à une saison comme celle-ci et au début il a trop poussé, et maintenant il semble améliorer la situation. Carlos est très régulier et c’est pourquoi il est une bonne référence pour nous.En tant que personnage, Leclerc est impulsif, si Rien ne va pas il ne se retient pas.Cependant, pour son propre bien et le bien de l’équipe, il vaut parfois mieux se calmer avant de parler.Quand il fait chaud , vous n’avez pas toutes les informations nécessaires pour porter un jugement définitif, et il vaut mieux prendre son temps devant Open mic. Il est toujours très rapide, mais cette année si vous regardez le qualifié Carlos c’était plus sur lui qu’il ne l’était par le passé. »

Il a écrit il y a des mois sur les négociations avec Hamilton.

« Je lui parle à chaque GP, il a couru pour moi pendant vingt ans et nous sommes toujours proches. Je l’ai aidé quand il est allé chez McLaren au début de sa carrière en F1 et nous parlons de temps en temps. Évidemment, s’ils nous avaient vus ensemble dans une agitation, mais le rapport est resté. Je ne veux pas. » Le comparer à nos pilotes, cela n’aurait pas de sens. embaucher un ingénieur et dans ce cas, si vous avez Hamilton et Verstappen mais aussi Leclerc, c’est plus facile. Quiconque travaille en F1 est excité. Pour la course, ils adorent travailler avec des champions. »

Êtes-vous toujours concentré sur 2023 ou pensez-vous déjà à l’année prochaine ?

« Pour cette saison, nous avons arrêté le développement en soufflerie fin juillet, mais nous avons des pièces déjà approuvées et en préparation pour emmener au Qatar ou à Austin. Pour la monoplace de 2024, nous travaillons toujours sur les concepts philosophiques. Les chiffres laissent penser qu’il faudrait être agressif avec le projet mais avec les simulations et les équations on est déjà aux extrêmes. en tout cas, la date limite pour le nouveau rouge n’est pas la fin de l’année. Nous devons être prêts pour Bahreïn en mars. Nous avons encore plusieurs mois devant nous. »

Comment se passe la campagne shopping ?

« On a embauché environ 25 personnes, mais on en cherche plus. Personne ne travaille vraiment à la Scuderia. On a signé avec un nom phare (Loic Serra de Mercedes, ndlr), qui devrait commencer le 1er janvier 2025 mais on essaie pour anticiper les temps. Comment puis-je convaincre Toto Wolf de le libérer plus tôt ? J’essaierai quand nous serons ensemble sur le bateau… Cependant, comme cela s’est produit avec Mickey, parfois vous avez des gens qui quittent Ferrari, vous revoyez des situations et vous peut négocier des dates, disons que c’est rapidement devenu l’essentiel de mon travail chez Ferrari. Il faut créer de bonnes relations et convaincre les gens d’emménager. Les premières relations que vous nouez sont les plus difficiles, puis celles qui les voient suivent. »

Elle a suivi le même chemin, et va désormais s’installer définitivement en Italie.

« Quand je suis allé chez Sauber, ma femme ne voulait pas venir, elle n’a pas déménagé de France à Zurich. Maintenant, elle l’a fait, mais je comprends que ce n’est pas facile : elle doit abandonner ses activités, elle aime ce qu’elle doit-elle partir. Après l’été, nous nous installerons à Bologne « Nous avons le plus jeune de mes quatre enfants qui commence le lycée avec nous et nous avons pris une maison près de l’école. Bologne est une belle ville, et je suis plus près de l’aéroport. Je ferai des allers-retours avec Maranello, mais ce n’est pas un problème : je me lève tôt et j’utilise le temps que j’ai dans la voiture pour les appels professionnels.

Qu’est-ce qui vous plaît le plus dans la vie chez Ferrari jusqu’à présent ?

« L’engouement autour de l’équipe, et c’est énorme. Tous les matins quand j’arrive au bureau, il y a des gens ‘chargés’ devant l’entrée. C’est un gros coup de pouce, même si ça n’aide pas parfois quand on a besoin de temps et tranquille pour grandir. Ensuite le climat de travail : sur le terrain, quand c’est fait Spéculant sur la possibilité de venir chez Ferrari, tout le monde me disait « Tu vas voir quel gâchis, quelles luttes internes ». Très bien. Je me critique toujours , pousser tout le monde : le pire pour l’équipe doit être satisfait et détendu. On discute beaucoup, et aujourd’hui chez Ferrari autour d’une table on ne s’en veut pas. »

Parfois ça a l’air très bien

« Il faut demander aux coureurs… Vous ne verrez jamais mon côté dur quand je dois dire certaines choses à un membre de l’équipe. Je ne suis pas émotif. Je discute en face à face, pour moi, ça ne fait tout simplement pas sens de faire ces choses en public. Un lundi matin, ils m’entendent beaucoup, mais avec une liste exacte de choses à faire et pas devant des journalistes lors d’un one-man show, cela n’aide personne.

Quelle est votre relation avec la haute direction de Cavallino ?

« Fréquent et bon. Ferrari est une entreprise très populaire mais de taille raisonnable. Au moins une fois par semaine, je dîne avec Vigna et j’entends Elkann au téléphone comme un antibiotique, matin, midi et soir. Avoir une relation comme celle-là est un énorme avantage : si vous devez prendre une décision, le processus est très rapide. Quand j’étais à Reno pour faire certains changements, il fallait attendre que le comité exécutif se réunisse. Des jours et des jours passaient. Voici un problème que je pose dans le matin qu’il pourrait avoir une réponse dans l’après-midi. Je ne peux pas parler du passé, mais j’ai été touché par la communication interne avec la direction suprême et sa réponse.

On parle d’autres violations possibles du plafond budgétaire.

« Je ne veux pas faire de commentaires sur quelque chose dont je ne suis pas au courant. Dans l’ensemble, ce que je peux dire, c’est que la sanction de l’année dernière n’était pas assez sévère, et si cela se reproduit cette fois, elle devra être plus sévère. Etant donné qu’un avantage technique se traduit par un avantage sportif, la sanction doit être sportive, pas une amende. Si vous commettez un handball dans la surface de réparation au football, vous ne recevrez pas d’amende. est une blague: vous avez déjà fait le gros travail, et ce que vous n’utilisez pas pour l’aérodynamisme Vous pouvez le dépenser pour gagner du poids, etc. Si une autre infraction est constatée, une sanction sévère sera requise, pour 2024 une disqualification d’un an ou quelque chose comme Nous savons qu’il est difficile de gérer un plafond budgétaire, mais nous avons mis en place des systèmes parfaits pour contrôler ce que vous dépensez, et en cas de doute, vous pouvez demander à la FIA. Ensuite, une dernière chose à clarifier : une infraction de 5 % n’est pas une mince affaire, c’est vous avez un budget fixé à 135 millions, 80 millions pour les seuls particuliers, puis une vingtaine de frais pour la course (le matos que vous achetez, les freins etc), construire 4 voitures en début de saison en vaut 20 de plus et il y a plus de rumeurs. Au final, vous avez entre 120 et 125, des coûts plus ou moins fixes pour chacun, et il vous reste moins de 10 millions à développer. Donc vous êtes plus de 2 millions sur 7 ou 8, ce n’est pas 5% sur 135 comme ils disaient. Collectivement, comme la F1, il faut régler ce truc, il ne faut pas balayer la poussière sous le tapis car au final il y a un risque que quelqu’un l’organise sur la table. Il y a une grande différence entre l’erreur involontaire et le choix. Entre ceux qui se trompent en remplissant leur déclaration de revenus et ceux qui s’installent plutôt dans un paradis fiscal pour échapper à l’impôt. Il faut être fort, l’avenir du plafond des coûts en dépend. Si une autre « multina » se termine, tout le monde fait la même chose, le budget est alloué pour payer et c’est fait. Les grands constructeurs peuvent se le permettre… ».