En décidant de dissoudre l’Assemblée nationale française, contre l’avis de ses principaux partisans politiques, suite à sa défaite aux élections européennes, en refusant de reconnaître le résultat des élections législatives qui ont vu une coalition de gauche (Nouveau Front populaire). Allez, le président Emmanuel Macron a plongé la France dans une crise politique et institutionnelle.
Cette crise politique est susceptible de remettre en cause certains des principes de longue date de la Ve République. Les institutions caractérisées par la stabilité à long terme de la Ve République créée par le général Charles de Gaulle en 1958 ont surmonté de nombreuses crises politiques et se sont largement appuyées sur le bipartisme, qui garantit in fine la stabilité institutionnelle, économique et sociale nécessaire à toute démocratie parlementaire.
Initiée en 1986, selon l’historien Mathias Bernard, la crise du régime s’est en fait considérablement accélérée depuis 2007, qui a déjà vu un spectre politique français fracturé et restructuré. Les deux blocs politiques qui partageaient traditionnellement le pouvoir (droite républicaine/gauche socialiste) ont progressivement décliné depuis 2017, comme en témoignent les élections présidentielles de 2017 et de 2022.
C’est dans ce contexte que se sont constitués trois blocs politiques organisés autour de trois personnalités politiques principales ; Un bloc d’extrême droite dirigé par Marine Le Pen (Rassemblement national), un camp de gauche radicale, écologique et sociale organisé autour de Jean-Luc Mélenchon (Nouveau Front populaire) et un bloc central organisé (ensemble) autour de Macron.
Ce champ politique français tripartite correspond à la nouvelle réalité sociologique, politique et électorale du pays. Macron est arrivé au pouvoir en 2017, créant une coalition centriste composée de ceux qui dirigeaient déjà le pays. Le macronisme repose sur l’ordre de tout changer tout en gardant tout pareil.
Promettant de résister à la marée montante de l’extrême droite, Morgan a été réélu en 2022, en grande partie grâce aux votes de gauche au second tour contre l’extrême droite. Il semble alors privilégier l’extrême droite avec une partie du projet de cette dernière, notamment à travers la législation sur l’immigration, de l’affronter à nouveau au second tour.
L’Assemblée nationale a été dissoute le soir même des résultats des élections européennes. La gauche s’est unie en un temps record et le public français a voté en nombre record, bouleversant toutes les prédictions selon lesquelles le Rassemblement national obtiendrait la majorité absolue à l’Assemblée nationale.
La gauche ayant pris le dessus à l’issue des élections législatives, la formation d’un nouveau gouvernement a été retardée. Il y a désormais un Premier ministre de droite à l’Assemblée. La feuille de route est claire : continuer à suivre les mêmes politiques rejetées par la majorité de la population.
Le vote du budget avance vite. Le Nouveau Front populaire, par la voix de son chef Jean-Luc Mélenchon, a déjà annoncé qu’il ne soutiendrait pas de gouvernement. Le 2 octobre, une procédure de destitution a été lancée à l’Assemblée nationale et la Commission des lois enquête actuellement.
Marine Le Pen doit gérer une contradiction très forte : elle est d’accord avec la politique menée sur le plan économique et social, mais ne peut pas officiellement apporter son soutien au camp présidentiel, car elle perdrait une grande partie de l’électorat anti-Macron.
Si le Rassemblement national vote le budget, il deviendra effectivement un parti soutenant le gouvernement, détruisant ainsi ses chances de remporter la prochaine élection présidentielle. Un vote de censure sur le gouvernement lors du budget risque de renverser un gouvernement, ce qui n’est arrivé qu’une seule fois sous la Ve République. Il peut être perçu comme une force anormale à l’heure où il tente de paraître anormal. Le pouvoir de la stabilité politique.
C’est ainsi que nous nous trouvons dans la situation actuelle, avec un Parlement paralysé et une présidence considérablement affaiblie.
La dissolution de l’Assemblée nationale à partir de juillet 2025 ne résoudra en aucun cas la situation, mais fragmentera davantage le spectre politique français, créant les conditions des troubles observés lors de la crise des blouses jaunes en 2018. Ce n’est que dans le système français qu’une élection présidentielle pourrait parvenir à clarifier les choses. Reste à savoir si des élections anticipées auront lieu. Pourtant, beaucoup en France (notamment les acteurs politiques qui s’organisent en conséquence) supposent que la prochaine élection présidentielle aura lieu avant 2027 comme prévu. C’est le signe le plus clair d’une crise institutionnelle et politique que la France n’a pas connue depuis 1962.
Cet article a été rédigé par Perceval Gaillard, député du Front Nouveau Populaire, France.
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