PARIS (AP) – Le Sénat français a commencé jeudi à débattre du régime de retraite contesté du président Emmanuel Macron, et le gouvernement central espère trouver un compromis avec les membres conservateurs de la chambre haute du parlement pour adopter le projet de loi.
Macron s’est engagé à faire adopter un projet de loi visant à relever l’âge minimum de la retraite du pays de 62 à 64 ans d’ici 2030, malgré des manifestations et des grèves à l’échelle nationale et des sondages montrant systématiquement qu’une majorité de Français s’opposent au changement.
Les syndicats et les organisations de jeunesse ont juré de « mettre la France à l’arrêt » lors de la prochaine manifestation prévue le 7 mars.
Les esprits se sont enflammés au cours des deux semaines de débats à l’Assemblée nationale le mois dernier et des milliers d’amendements ont été proposés par l’opposition majoritairement de gauche, empêchant les législateurs d’examiner l’intégralité du projet de loi.
Au Sénat, qui est dominé par les républicains, la législation devrait recevoir un accueil plus positif. Les sénateurs conservateurs poussent depuis des années à relever l’âge minimum de la retraite.
Le ministre du Travail Olivier Dussopt a affirmé jeudi que le système de retraite français pourrait être déficitaire d’ici 10 ans « si nous ne faisons rien ».
Macron a fait de la réforme du système de retraite une priorité absolue de son second mandat. Dussopt a décrit la législation à l’étude comme une « promesse » faite par le gouvernement du président.
En savoir plus: Les grèves et les manifestations se poursuivent dans la lutte des retraites en France
« Nous avons le courage de mener à bien cette réforme et de faire face aux difficultés inhérentes », a déclaré le ministre au fil du débat.
Bruno Retailio, le chef des sénateurs républicains, a déclaré au journal Le Parisien dans une récente interview que « nous voulons voter » sur le projet de loi « après avoir apporté les modifications ».
Les sénateurs conservateurs proposent un amendement pour accorder aux mères qui travaillent une prime de retraite de 5 %. Les représentants du gouvernement ont déclaré qu’ils étaient ouverts à discuter de l’inclusion d’une telle mesure.
Les sénateurs républicains soutiennent la création d’un accord spécial pour encourager les entreprises à embaucher ou à conserver des travailleurs âgés proches de la retraite en échange d’une réduction des impôts.
Le débat devrait durer jusqu’à la fin de la semaine prochaine.
Si le projet de loi est approuvé par le Sénat, il se poursuivra tout au long du processus législatif compliqué de la France.
Une commission composée de législateurs des deux chambres du parlement cherchera un éventuel accord sur une version commune du texte, qui sera finalement soumis à l’Assemblée nationale puis au Sénat pour approbation d’ici la fin du mois.
La coalition centriste de Macron détient le plus de sièges à l’Assemblée nationale, mais a perdu sa majorité lors des élections législatives de l’année dernière. Il devra donc compter sur l’appui de la droite pour faire adopter le projet de loi.
Alors que certains législateurs républicains ont exprimé publiquement leur désaccord et déclaré qu’ils ne le ratifieraient pas, l’issue du vote à l’Assemblée nationale est difficile à prévoir.
Une autre option pour le gouvernement est d’utiliser un pouvoir constitutionnel spécial pour imposer le projet de loi sans référendum – un choix risqué étant donné un tel résultat serait très impopulaire.
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