Les talibans en Afghanistan ont codifié un long ensemble de règles régissant la moralité, notamment en imposant la barbe pour les hommes et le couvre-visage pour les femmes.
Scott Simon, animateur :
Les talibans ont annoncé une vaste loi légalisant la disparition des femmes de la vie publique en Afghanistan. Cette loi intervient trois ans après le retour au pouvoir du mouvement après le retrait des forces américaines et de l’OTAN du pays. Diaa Hadid de NPR couvre l’Afghanistan depuis sa base à Mumbai. Elle nous a rejoint maintenant. Diya, merci d’être avec nous.
DIA HADID, BAYLIN : Merci, Scott.
SIMON : S’il vous plaît, parlez-nous de cette loi que les talibans viennent d’annoncer hier.
Hadid : C’est vrai. Eh bien, le Ministère de la Prévention du Vice et de la Promotion de la Vertu l’a annoncé. La loi stipule que les femmes doivent se couvrir le visage dans les lieux publics afin de ne pas provoquer de tentation. Ils ne sont pas autorisés à voyager sans un tuteur masculin. Ils ne sont pas autorisés à parler fort, ni même à rire, dans les lieux publics. Un avocat afghan chevronné m’a décrit cette situation comme étant horrible. Azada Raz Muhammad travaille au Conseil Atlantique.
Azada Raz Muhammad : Je pense qu’il s’agit d’une continuation de l’intimidation et de l’oppression des femmes par les talibans – de la façon dont nous nous habillons à la façon dont nous apparaissons en public, en passant par la façon dont nous parlons et même la façon dont nous rions. La loi stipule que les femmes ne doivent pas rire bruyamment, et que les hommes ne doivent pas entendre les femmes rire, ce qui est assez terrifiant de voir que c’est déjà codifié.
Hadid : Cette question est réglementée. Ces lois s’appliquent également aux hommes. Ils doivent se laisser pousser la barbe. Ils ne sont pas autorisés à porter des vêtements occidentaux ni à avoir des coiffures occidentales.
SIMON : Zia, on dirait que beaucoup de choses se sont produites en Afghanistan. Quoi de neuf dans cette annonce ?
Hadid : Oui. Et en fait, Scott, si je peux vous le rappeler, les talibans ont pratiquement interdit aux filles d’étudier après la sixième année, et les femmes ne sont déjà pas autorisées à travailler dans la plupart des professions. La différence est que ce n’était pas une loi, donc il y avait une marge de manœuvre. Ce qui a été écrit aujourd’hui est en réalité plus extrême et a été signé par le chef spirituel des talibans. Si ces lois sont appliquées, il incombera aux fonctionnaires de ce ministère bavard de prévenir le vice et de promouvoir la vertu. Mais même s’il n’est pas pleinement mis en œuvre, il reste dans l’esprit des Afghans et peut être utilisé à tout moment. Certaines de ces lois sont franchement très vagues.
SIMON : Comment peux-tu être mystérieux ?
Hadid : Certaines lois stipulent que les musulmans ne peuvent pas se lier d’amitié ou aider les non-musulmans. Cela pourrait entraîner de graves conséquences telles que : Les Afghans peuvent-ils travailler avec les Nations Unies, où se trouvent de nombreux non-musulmans ? Les travailleurs humanitaires étrangers peuvent-ils travailler aux côtés des Afghans pour distribuer l’aide ? Un journaliste étranger peut-il travailler avec un correspondant afghan ? Il existe également une interdiction de diffuser et de publier des photos de personnes. Alors qu’arrive-t-il à votre passeport ou à votre carte d’identité ?
SIMON : Zia, pourquoi pensez-vous que cela se produit trois ans après le retrait américain ?
HADID : J’ai posé cette question à Ashley Jackson, codirectrice du Centre des groupes armés, et elle pense qu’il s’agit peut-être du plus haut dirigeant des talibans, l’émir, qui tente d’affirmer son contrôle.
Ashley Jackson : Il s’agit essentiellement d’un prince qui a été déçu encore et encore à bien des égards. Il se rendra peut-être compte qu’on l’a empêché de prendre les mesures les plus extrêmes qu’il souhaitait.
Hadid : Parce que l’émir taliban est en fait plus extrémiste que nombre de ses partisans. Par exemple, certains responsables ont tenté de trouver des moyens de contourner l’interdiction faite aux femmes d’étudier ou de travailler. Mais Azada Raz Muhammad, du Conseil atlantique, affirme que les talibans ont été encouragés à le faire après que les représentants des Nations Unies et de la communauté internationale ont accepté de les rencontrer en juin. Les femmes afghanes n’étaient pas invitées à la réunion principale et n’avaient pas de place à l’ordre du jour public. Azada affirme que les talibans ont pris cela comme un signe de leur impunité. Elle dit que la communauté internationale doit reconsidérer son approche.
RAZ MOHAMMED : Je pense que la communauté internationale a cette obligation morale et juridique d’intervenir et d’empêcher les talibans d’imposer un régime aussi oppressif avec une telle impunité, et peut-être enfin, d’agir face à ce cauchemar qui se déroule actuellement sous nos yeux.
Hadid : Un cauchemar qui ne finira jamais pour de nombreuses femmes afghanes.
SIMON : Diaa Hadid de NPR. Merci beaucoup.
HADID : Bienvenue, Scott.
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