Le réalisateur allemand Elker Schattack aime rappeler le dicton : « La route de l’enfer est pavée de bonnes intentions ». Son quatrième long métrage, Salon des professeurs, abattu à huis clos dans un collège de Hambourg, soulève la question des excès d'autosatisfaction. Ce thriller scolaire, qui représentera l'Allemagne aux Oscars dimanche 10 mars, s'inspire d'un souvenir d'enfance du réalisateur et de son co-scénariste Johannes Dencker : Un jour, en cours de physique, trois professeurs ont demandé aux filles de partir et les garçons d'ouvrir leurs portefeuilles sur la table.
dans Salon des professeursUn collège est victime d'une série de vols. Pour mettre fin aux fausses accusations, une des enseignantes laisse allumer la caméra de son ordinateur. Mais la situation se retourne contre elle. Votre film reflète une société à la dérive et manquant de discrimination, n’est-ce pas ?
En fait, l'enseignante, Carla Nowak, agit de bonne foi, mais d'autres se croient plus intègres moralement qu'elle… Parfois, j'ai l'impression que nous sommes revenus au Moyen Âge : un individu jugé comme ayant agi à tort est exposé au public et peut être méprisé par tout le monde… Il est important que la Cancel Culture offre une seconde chance, d'autant plus que le jugement moral peut devenir dépassé au bout de 10 ans. Cependant, la Cancel Culture a aussi ses avantages. Par exemple, lorsque Elon Musk fait des déclarations antisémites, on peut décider de ne pas acheter sa Tesla ni parcourir sa plateforme. Il est important de considérer chaque cas différemment.
Des films ont-ils inspiré votre réflexion ?
Oui, deux films français : Entre les temps [The Class]écrit par Laurent Cantet [shot in a middle school, Palme d’Or in 2008] Et La Louis du Marche [The Measure of a Man]Écrit par Stefan Brezzi [the humiliation-filled path of an unemployed man, in 2015]. Puis un film belge : Lou John Ahmed (Cheb Ahmed), par les frères Dardenne [2019], qui décrit particulièrement la relation entre enseignant et élève. Je dirais aussi que sur le plan visuel, l'éléphantÉcrit par Gus Van Sant [2003]en comptant.
Où as-tu tiré ?
Au début, je voulais tourner pendant les heures de classe. J'ai demandé l'autorisation à plusieurs écoles de Hambourg, mais elles m'ont toutes répondu que c'était impossible, sauf pendant de courtes vacances qui ne laissaient pas assez de temps. C'est difficile de faire un film en deux semaines. C'est à ce moment-là que mon directeur de production a découvert un vieux lycée technologique juste avant qu'il ne soit démoli.
Karla Nowak est issue d'une famille polonaise de Westphalie et parle couramment le polonais, mais elle n'est pas à l'aise avec ses origines. La question de l'identité traverse le film.
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