Les alliés du président français Emmanuel Macron ont commencé lundi à travailler pour réunir une majorité parlementaire de travail pour sauver son deuxième mandat, après l’effondrement de son alliance lors des élections face à de fortes augmentations de la gauche et de l’extrême droite.
L’Alliance de Macron (Ensemble) est apparue comme le plus grand parti aux élections législatives, mais il lui manquait plusieurs dizaines de sièges pour maintenir la majorité parlementaire dont elle jouissait depuis cinq ans.
Les travaux vont maintenant commencer pour tenter de trouver une majorité en concluant des accords avec d’autres partis de droite, provoquant des bouleversements sans précédent dans la politique française ces dernières années.
Macron, 44 ans, risque désormais d’être distrait par des troubles intérieurs alors qu’il cherche à jouer un rôle de premier plan dans la fin de l’invasion russe de l’Ukraine et en tant qu’homme d’État clé de l’UE.
L’élection a vu une nouvelle coalition de gauche faire des gains pour devenir la principale opposition, tandis que l’extrême droite dirigée par Marine Le Pen a réalisé sa meilleure performance législative de son histoire.
La Première ministre Elizabeth Born a déclaré dimanche dans une déclaration télévisée : « Cette situation est un danger pour notre pays compte tenu des défis auxquels nous devons faire face », promettant : « Nous travaillerons à partir de demain pour construire une majorité de travail ».
Le résultat a gravement terni la victoire de Macron lors de l’élection présidentielle d’avril lorsqu’il a battu l’extrême droite pour devenir le premier président français à remporter un deuxième mandat en plus de deux décennies.
« C’est un tournant pour son image d’indomptable », estime Bruno Cotres, chercheur au Centre de recherches politiques Sciences Po.
Les options pour Macron, qui n’a pas encore commenté publiquement le résultat, vont de la recherche de la formation d’une nouvelle coalition de coalition à l’adoption d’une législation basée sur des accords ad hoc, voire à la convocation de nouvelles élections.
« Macron risque la paralysie politique », titre le journal Le Monde sur son site Internet, tandis que le journal de droite Le Figaro a déclaré que les résultats faisaient planer le spectre d’une « renaissance ».
Le journal de gauche Libération a déclaré lundi que les résultats représentaient la « chute » du pouvoir de Macron.
L’échec de Macron
La nouvelle coalition de gauche NUPES dirigée par Jean-Luc Mélenchon, figure de proue de 70 ans, a remporté 135 sièges, selon un décompte de l’AFP basé sur les résultats publiés par le ministère.
L’alliance, formée en mai après la scission à gauche lors de l’élection présidentielle d’avril, rassemble des socialistes, la gauche dure, des communistes et des Verts.
Melenchon a décrit les résultats de dimanche comme « avant tout un échec électoral » pour Macron.
Il a déclaré à ses partisans à Paris que « la défaite du parti présidentiel est complète et qu’il n’y aura pas de majorité » au Parlement.
Alexis Corbier, un haut législateur du parti de Melenchon, a déclaré que le résultat signifiait que le plan de Macron visant à relever l’âge de la retraite en France à 65 ans avait « sombré ».
Le parti du Rassemblement national dirigé par l’extrême droite Marine Le Pen a fait d’énormes progrès et enverra 89 députés au nouveau parlement, ce qui en fait la plus grande force de droite au parlement devant les républicains traditionnels de droite.
Le Pen a salué le résultat historique de son parti, affirmant qu’il enverrait « de loin » le plus grand nombre de députés à la prochaine Assemblée nationale.
Macron avait espéré sceller son deuxième mandat avec un programme ambitieux de réduction des impôts, de réforme de la protection sociale et de relèvement de l’âge de la retraite. Tout cela est désormais remis en question.
« Cela va compliquer les réformes… ce sera beaucoup plus difficile à gouverner », estime Dominique Rousseau, professeur de droit à l’université Paris Panthéon-Sorbonne.
« Besoin d’imagination »
Il pourrait maintenant y avoir des semaines d’impasse politique alors que le président cherche de nouveaux partis.
L’option la plus probable est une alliance avec les Républicains, le parti traditionnel de la droite française, qui compte 61 députés.
Mais le chef du parti LR, Christian Jacob, a clairement indiqué qu’il n’y aurait pas de partenariat facile, affirmant que son parti avait l’intention de « rester dans l’opposition ».
Mais d’autres voix de droite semblaient plus ouvertes – l’ancien ministre de droite Jean-François Copé a déclaré qu' »un accord de gouvernement est indispensable entre Macron et LR pour lutter contre la montée de l’extrémisme ».
Le ministre de l’Economie Bruno Le Maire a démenti que la France soit ingouvernable mais a reconnu qu’il fallait « beaucoup d’imagination » de la part du parti au pouvoir dans une « situation sans précédent ».
Trois ministres ont été tués
Dans un autre coup porté à Macron, les principaux ministres candidats aux élections devraient perdre leur emploi en vertu d’un accord qu’ils doivent démissionner s’ils ne parviennent pas à remporter des sièges.
La ministre de la Santé Brigitte Bourguignon, la ministre de la Marine Justine Bénin et la ministre de l’Environnement Amélie de Montchalin – un pilier de l’administration Macron ces dernières années – sont toutes perdues et seront désormais hors du gouvernement.
Deux autres proches alliés de Macron, le président du Parlement Richard Ferrand et l’ancien ministre de l’Intérieur Christophe Castaner, ont concédé leur défaite dans la lutte pour leurs sièges.
Dans une rare opportunité de bonnes nouvelles pour le président, le ministre de l’Europe Clement Boone et le ministre de la Fonction publique Stanislas Guerini – tous deux jeunes piliers de son parti – ont remporté des batailles serrées pour leurs sièges.
A gauche, Rachel Keke, l’ancienne femme de ménage qui a milité pour l’amélioration des conditions de travail dans son hôtel, a également été élue, battant l’ancienne ministre des Sports de Macron, Roxana Maracinino.
Le taux de participation a été faible, avec un taux d’abstention de 53,77%, selon le ministère de l’Intérieur, supérieur à celui du premier tour mais ne battant pas le record du pire taux de participation en 2017.
©AFP
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